Voyons ensemble à comprendre les causes à l’origine des effets sur la qualité de vie au travail, ainsi que le mode de gestion de la prévention des conséquences dans un cadre sans législation à ce sujet.

[Extrait de l’article de Marie Laberge paru dans Travail et santé, décembre 2017, vol.33 No 4]

Avantages de la connexion

Le travail en mode connecté présente une multitude d’avantages, tant pour les organisations que les personnes. C’est en partie ce qui explique cette hausse fulgurante du phénomène depuis quelques années. Je me souviens d’il n’y a pas si longtemps, qu’à l’étape de négocier un contrat de travail, la fourniture d’un téléphone mobile était présentée comme un privilège pour la personne! L’appareil n’était pas considéré dans la catégorie des outils de travail tels que le bureau, la chaise, l’ordinateur de bureau, etc.  Dorénavant, les organisations sont tout à fait conscientes que les outils de connexion à distance font partie de la catégorie des outils indispensables au bon fonctionnement organisationnel, un peu à l’image des outils précédemment énumérés, et ce, pour la plupart d’entre elles et pour plusieurs fonctions.

En effet, qu’il s’agisse du téléphone mobile, de la tablette ou de la connexion à distance au bureau via un ordinateur portable ou un ordinateur personnel, tous ces outils facilitent sans contredit la vie des organisations et des personnes pour certaines fonctions. Des gains majeurs sont effectivement observés d’une part en termes d’optimisation de l’exécution du travail, et par conséquent, de la productivité, et d’autre part en termes d’équilibre vie professionnelle et vie personnelle. Voici présentés, quelques exemples de ces avantages.

  • L’accès au bureau et aux collaborateurs sans considération géographique ou du moment de la journée permet plus de flexibilité, notamment, lorsque le travail implique des déplacements, que la présence auprès d’un proche soit nécessaire sporadiquement ou qu’il fasse tempête de neige.
  • De plus, cet accès permet des gains de temps et d’efficacité, notamment dans la rapidité des prises de décisions et l’amélioration des processus de travail et relationnel.
  • L’accès au serveur facilite la conservation des données à un seul adroit, l’administration des mises à jour et de la sécurité par le département des technologies de l’information, ainsi que la gestion documentaire par les utilisateurs.
  • La formule de télétravail réduit quant à elle considérablement les couts immobiliers et mobiliers et élimine les déplacements dans les cas où cela est applicable. Dans les cas où le télétravail ne l’est que partiellement, cela réduit les frais de déplacement et limite les inconvénients reliés aux déplacements.

Risques inhérents à la connexion

Si tous s’entendent pour dire que le fait d’être connectés en dehors des heures habituelles de travail présente des avantages, il n’en demeure pas moins qu’il se peut que l’équilibre souhaité entre la vie professionnelle et la vie personnelle se précarise dans le temps, tant pour les personnes que pour l’organisation : employeur déplorant l’utilisation des réseaux sociaux sur les heures de travail; perturbation de la vie privée; qualité de vie générale affectée par le stress; augmentation des absences et des couts d’assurances. Ces problèmes sont d’ailleurs, sans être exhaustifs, à l’origine des revendications pour le droit à la déconnexion en France.

Parmi ces problèmes, la question de la santé mentale attire plus particulièrement notre attention en raison de la gravité de ses effets sur les plans humains et économiques dans les milieux de travail et dans la société en général (1). Au Canada, les données nous informent que (1 et 2) :

  • chaque année, 20 % des travailleurs canadiens souffrent d’une maladie liée au stress;
  • le tiers des réclamations d’invalidité au travail est liée à la maladie mentale;
  • 500 000 Canadiens, chaque semaine, sont incapables de travailler en raison d’un problème de santé mentale;
  • 70 % des couts liés à l’invalidité sont attribuables à la maladie mentale.

Bien que nous convenons que les questions de santé mentale et leurs conséquences sont le résultat d’une interaction complexe de différents facteurs de risque, dont les antécédents familiaux, le stress lié à toutes sortes d’évènements, les maladies chroniques, la consommation d’alcool, de drogues ou autres substances, l’âge et le sexe, le milieu de travail n’en demeure pas moins un facteur de risque non négligeable. Et parmi les causes provenant du milieu de travail et pouvant contribuer à la détérioration de la santé mentale de la personne ou exacerber un problème latent, le stress causé par les attentes élevées de réactivité de la part de l’employeur à l’égard du salarié disponible en tout temps grâce aux outils de connexion en est un.

La gestion de risque en santé mentale

Partant du principe que la connexion au milieu de travail puisse avoir des effets sur la santé mentale, l’approche préconisée pour gérer ce risque ne doit pas être différente de celle mise de l’avant pour les risques plus documentés ou traditionnels tels que le travail en hauteur, l’entrée en espace clos ou l’ergonomie. La rigueur de prévention se voudra la même soit :

  • une méthode structurée d’identification et d’analyse des facteurs de risque et des causes;
  • l’implication des personnes de tout horizon au sein de l’organisation, dont le CSS, ainsi que des intervenants externes aux besoins tels que des intervenants spécialisés, consultants, etc.;
  • la prévoyance d’un processus d’implantation de mesures d’élimination et de contrôle en fonction de la criticité du phénomène, ainsi que de surveillance de l’efficacité des mesures de contrôle;
  • où la plus haute instance veille à la surveillance de la performance, et ce, à une fréquence régulière dans une volonté d’amélioration continue et de diligence.

La solution de prévention

Cette façon de structurer la gestion du risque relatif à la connexion en dehors des heures habituelles de travail, permet non seulement aux organisations qui le désirent d’identifier le phénomène, mais de comprendre de quelle façon et à quelle hauteur il agit négativement sur les personnes et la productivité et par conséquent, se doter des moyens pour en garantir les résultats attendus, et ce, selon un ordre de priorité cohérent. Notre formation  Gérer les risques en santé mentale avant d’y laisser sa peau! répond complètement à cela.

(1) Statistique Canada, Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes : santé mentale et bien-être, 2003.

(2) [www.pssm.ca] (consulté le 12 juillet 2017)